Benoît Frund - Vice-recteur Transition écologique et campus

Géographe, Benoît Frund est devenu une figure incontournable de la durabilité sur le campus et, de plus en plus, en différents lieux où il est sollicité, jusqu'en France récemment, où il a été nommé au Comité d'orientation et de suivi de la stratégie de responsabilité sociale et environnementale de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, et où il a participé à l'évaluation de l'Université de Bordeaux. Il préside le réseau durabilité de swissuniversities.

Alors directeur du service Unibat, il avait 39 ans quand Dominique Arlettaz l'a invité à rejoindre sa seconde équipe. "C'est drôle car il avait supprimé le poste de délégué du rectorat pour l'environnement et l'écologie… mais pour créer cinq ans plus tard, en 2011, le poste de vice-recteur que j'ai occupé sous son second mandat. En l'intégrant à la Direction, il a mis la durabilité au cœur des préoccupations de l'UNIL", raconte Benoît Frund. La prise de conscience est alors montée jusqu'à imposer avec Nouria Hernandez la notion et la réalité d'université pionnière dans le domaine. "J'ai été le premier à être cité dans son discours de nomination, on s'était à peine parlé", relate le principal intéressé.

L'acquisition du label Site à 2000 watts date de cette législature: "C'est un plan de descente énergétique sur 20 ans, qui consiste à diminuer de 80% nos émissions de CO2 et à diviser par deux notre consommation énergétique; ça passe par des rénovations, des isolations, des types de fonctionnement et une modification de nos habitudes collectives, des panneaux solaires déjà posés sur tous les toits possibles, et nous sommes en train de faire de gros travaux pour changer de vecteur énergétique pour le chauffage et passer entièrement au renouvelable. La construction d'une centrale de chauffe et sa mise en route en 2025 vont nous permettre d'arrêter complètement le système gaz-mazout en utilisant uniquement l'eau du lac pour chauffer et refroidir la totalité des bâtiments."

Frédéric Herman veut passer à la vitesse supérieure en faisant de la transition un moyen d'atteindre la durabilité par un changement profond: toutes les facultés sont appelées à intégrer cette thématique dans leurs enseignements, le cursus de médecine a déjà commencé; pour sa part, le Centre interdisciplinaire de durabilité, désormais Centre de compétence en durabilité (CCD), devient un service de la Direction permettant d'offrir un soutien méthodologique ou administratif aux chercheurs et chercheuses; de plus, le CCD bénéficiera d'outils éprouvés comme Volteface pour soutenir des projets de transition des unités de l'UNIL, toujours en lien avec la société civile. Les autres services seront aussi impliqués. Initié avec le soutien de chercheurs de HEC, le renforcement des principes de durabilité dans la gestion des biens financiers de l'UNIL se poursuivra, en lien avec la BCV. "Notre portefeuille n'est pas immense mais on nous regarde; nous avons déjà inspiré la BCV, qui applique nos principes sur toute sa gestion des biens institutionnels, ce qui représente environ 20 fois la taille de notre portefeuille. Nous allons continuer dans cette logique de laboratoire vivant, tester des choses qui pourront servir à d'autres."

Le vice-recteur entend doter l'UNIL d'un plan de transition écologique et sociale. Il sera élaboré en 2022, autour d'une commission de durabilité renouvelée et un processus participatif. "Il s'agira de fixer des objectifs de réduction de nos impacts sur la biosphère et de préservation d'une certaine prospérité", décline-t-il. Le CCD est le principal outil pour accélérer la démarche, et chaque unité, qu'elle soit académique ou administrative, sera appelée à y contribuer à sa manière.

Les voyages en avion, déjà réduits par la prise de conscience de nombreux acteurs académiques et par la pandémie, seront restreints sous la forme de quotas à répartir entre et au sein des facultés. "Nous ne rembourserons pas les vols équivalents à moins de six heures en train." Les nouvelles technologies permettant dans bien des cas une participation à distance…

Justement: qu'en sera-t-il du numérique? "Calculer son impact fait partie de nos obligations, sachant que le numérique n'est pas neutre; on a même une consommation de ressources, d'énergie et de matériaux qui augmente de manière importante avec le tout numérique, ce n'est donc pas la solution à tout. Avec le CI nous avons augmenté les durées de validité des garanties, ce qui signifie que nous pouvons garder nos ordinateurs plus longtemps. Nos data centers sont déjà monitorés, on connaît leur consommation d'énergie; on utilise beaucoup d'énergie électrique pour les alimenter, elle provoque de la chaleur que nous pouvons employer en hiver pour chauffer les bâtiments au lieu de l'évacuer vers le ciel. Il est aussi important d'avoir des outils informatiques gérés ici et non dans un cloud hors contrôle. Enfin, nous devons toutes et tous réfléchir à nos usages compulsifs, avec en tête la notion d'hygiène numérique."

Benoît Frund veut motiver l'ensemble de la communauté universitaire en faveur de la transition, sans solution miracle mais avec des questions et des propositions très concrètes sur un campus qui va continuer de s'urbaniser dans les prochaines années. "Il s'agira d'accompagner les constructions nouvelles, nombreuses, tout en veillant à préserver les meilleures conditions de vie pour tous les habitants, qu'ils soient humains ou non humains", décrit-il. Les équipes du dicastère Transition écologique et campus ne vont donc pas chômer!

Formation et titres

• Formation continue en management et exemplarité de Krauthammer International (2007)
• Diplôme en gestion d'entreprise à l'Institut suisse pour la formation des cadres d'entreprise (2004)
• Licence ès lettres (géographie, histoire, informatique et méthodes quantitatives) à l'Université de Lausanne (1999)
• Maturité au Gymnase de Chamblandes, Lausanne (1992)

Parcours professionnel

• Vice-recteur Transition écologique et campus de l'UNIL, depuis 2011
• Responsable de l'Agenda 21 de l'UNIL, 2009 - 2011
• Directeur du service Unibat – service des bâtiments et travaux, UNIL, 2006 - 2011
• Adjoint du directeur administratif de l'UNIL, 2004 - 2006
• Co-directeur d'Axit-Georiviera SA, Vevey, 2001 - 2003
• Délégué commercial puis development manager chez Axit-Georiviera SA (PME active dans la géo-informatique et l'aide au développement), Vevey, 1999 - 2001