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Esthétique et philosophie de l’art

Le thème annuel « Le concret des arts » est d’abord une invitation à penser les arts en tenant compte de leur « concrétude ». Celle-ci a des acceptions diverses et peut désigner leurs aspects matériels et techniques, la dimension corporelle et gestuelle des œuvres ou encore leur ancrage économique, social, historique et politique. L’appel au concret signifie le refus d’une réflexion esthétique désincarnée qui ne voit dans le « cas concret » que l’illustration d’une théorie toute faite. 

Le suivi des sessions est réservé aux étudiant·es retenu·es pour l'école d'été. Pour toute demande autre, veuillez contacter au préalable les organisatrices.

Les inscriptions ouvriront début janvier

Esthétique et philosophie de l'art : La fin de l'art

Qui ?

Section de philosophie, Faculté des lettres, Université de Lausanne

Quand ?

12 au 16 mai 2025

Où ?

Campus de Dorigny, Université de Lausanne

Pour qui ?

Doctorant·e·s et postdoctorant·e·s

Combien ?

CHF 50.-

Crédits ECTS ?

Cours sans crédit, attestation de participation délivrée

Langue ?

Français

Carole Maigné, Université de Lausanne

Carole Maigné est professeure ordinaire de philosophie générale et systématique à l’Université de Lausanne. Ses recherches portent sur les philosophies allemande et autrichienne des 19e et 20e siècles. Elle s’intéresse tout particulièrement à la philosophie de la culture (Warburg, Kracauer, Cassirer), à l’esthétique de la photographie et à la philosophie de l’art (formalisme esthétique, école viennoise d’histoire de l’art, Wölfflin, Klein). Elle a publié récemment : The Idea and Practice of Philosophy in Gilbert Simondon (avec Jamil Alioui et Matthieu Amat), Schwabe, 2023 (open access) ; Philosophie de la cultureTextes clés (avec Matthieu Amat, Vrin, 2022)dirigé les dossiers « Austrian Herbartism », Meinong Studien / Studies (2021) et « Philosophie de la photographie », Archives de Philosophie (2022) et co-dirigé (avec Enno Rudolph et Magnus Schlette) le dossier « Logos », Zeitschrift für Kulturphilosophie (2020).
 

Audrey Rieber , École normale supérieure de Lyon

Audrey Rieber est Maîtresse de Conférences HDR en philosophie à l’ENS de Lyon et membre du laboratoire de recherche IHRIM UMR 5317. Ses recherches portent sur l’esthétique et la philosophie de l’art, notamment sur les questions de forme, d’image, de symbole et d’historicité. Cette réflexion philosophique se nourrit des apports théoriques et méthodologiques d’autres champs qui ont connu un développement original dans le domaine germanophone : histoire de l’art, science de l’art (Kunstwissenschaft), science de l’image (Bildwissenschaft), science de la culture (Kulturwissenschaft), science des médias (Medienwissenschaft). Liste des publications disponible sur : https://ens-lyon.academia.edu/RieberAudrey 
 

D'autres intervenants seront annoncés sous peu.

Cette école d’été s’adresse à des doctorants et postdoctorants en philosophie. Elle veut aussi accueillir des jeunes chercheurs en art et en histoire de l’art, en histoire de la culture, en littérature, française et étrangère, ou encore en études cinématographiques s’ils souhaitent interroger philosophiquement leur objet de recherche. L’appel à candidature est international. 

Le thème annuel « Le concret des arts » est d’abord une invitation à penser les arts en tenant compte de leur « concrétude ». Celle-ci a des acceptions diverses et peut désigner leurs aspects matériels et techniques, la dimension corporelle et gestuelle des œuvres ou encore leur ancrage économique, social, historique et politique. L’appel au concret signifie le refus d’une réflexion esthétique désincarnée qui ne voit dans le « cas concret » que l’illustration d’une théorie toute faite. Une « attention rapprochée au concret de la peinture », pour parler comme le théoricien du détail Daniel Arasse, traduit aussi la volonté de saisir les productions culturelles dans leur singularité. On entend aussi l’écho de cette « science concrète de l’art » (konkrete Kunstwissenschaft) par laquelle Edgar Wind veut réfléchir sur les œuvres d’art empiriquement données et non sur l’art en général. Parler de concret des arts, c’est donc prendre un parti pris méthodologique, à savoir qu’une réflexion sur les beaux-arts, les arts appliqués et les médias ne peut se faire à vide. Elle doit plutôt considérer ses objets de manière informée afin ne pas les réduire à des exemples pour une philosophie de l’art abusivement généralisante.

Du point de vue notionnel, une distinction philosophique usuelle sépare le concret de l’abstrait. Les propriétés techniques, matérielles, formelles d’une peinture (une certaine manière de traiter la couleur, la ligne, l’espace ; le choix du format, des matériaux, des techniques employées) seraient concrètes tandis que le dessein de l’artiste, la signification ou la symbolique de l’œuvre seraient abstraits. Dans le champ de la peinture et de la sculpture, l’art « brut », l’Arte povera, le groupe Supports/Surfaces seraient du côté du concret ; l’art symbolique, la peinture lyrique seraient du côté de l’abstrait. Dans le champ de la théorie de l’art, une approche sociologique étudierait le concret (le contexte social et économique de production : du rôle du commanditaire au fonctionnement d’un studio de cinéma) ; l’herméneutique ou l’iconologie se concentreraient, elles, sur les éléments abstraits, idéaux, intellectuels. Mais l’histoire des arts et de leurs théories complexifie d’emblée cette partition. Le formalisme, par exemple, est-il abstrait en ce qu’il s’intéresse aux formes et non au contenu ou est-il concret au sens où ce qu’il y a de de proprement artistique dans l’œuvre résiderait dans sa forme et non dans sa signification ? Que le primat de la forme soit du côté du concret, c’est bien ce que suggère le manifeste du groupe « Art concret » (1930) pour lequel l’œuvre d’art, entièrement conçue et formée par l’esprit avant son exécution, doit être indépendante de la nature, de la sensualité, de la sentimentalité, exclure le lyrisme, le dramatisme, le symbolisme et procéder avec les seuls éléments plastiques, c’est-à-dire les plans et les couleurs. Résultat d’une technique mécanique et exacte, le tableau n’a pas d’autre signification que lui-même.

Les difficultés et les enjeux posés par une réflexion sur le concret des arts peuvent être introduits par deux cas. Le premier est celui de l’art dit abstrait. Les toiles d’un Wassily Kandinsky semblent suggérer que le renouveau des arts, leur modernité se situent du côté de l’abstraction, en l’occurrence de l’absence de figuration. Mais le peintre qui accorde une importance primordiale à la spiritualité de la création qualifie aussi son travail de concret. La terminologie étonne, car ce sont les peintres réalistes tels Auguste Courbet qui avaient revendiqué une peinture concrète au sens d’une représentation du réel et de la vie. Quand le philosophe hégélien Alexandre Kojève théorise la peinture de son oncle, il estime également que la peinture de Kandinsky est concrète, car elle n’est pas extraite (abstraite) d’un réel non artistique et n’est donc pas non plus fragmentaire, mais totale. Ce déplacement des lignes de partage traditionnelles en esthétique hérite de Hegel. Tenant d’une philosophie qualifiée d’idéalisme absolu selon laquelle c’est l’esprit lui-même qui donne forme à la culture, Hegel est en même temps critique de la pensée abstraite, c’est-à-dire unilatérale, sans complexité et abusivement généralisante. C’est ce qui le conduit, dans le champ des beaux-arts, à reconnaître un statut moindre à l’art symbolique, c’est-à-dire à la statuaire et à l’architecture de l’Orient ancien qui expriment une pensée encore indéterminée. On voit que l’identification de la concrétude des arts avec la sensibilité, la matérialité, la vitalité devra être retravaillée et complexifiée en partant des œuvres, des objets et des textes théoriques incluant les écrits d’artistes et les propos d’atelier ou de chantier.

Un deuxième cas intéressant pour introduire au thème annuel est la musique concrète qui, paradoxalement, ne part pas des sons « naturels », mais compose à partir de sons enregistrés puis manipulés. Ce n’est donc pas la dimension sensible ou naturelle qui est revendiquée comme concrète, mais l’artificialisation la plus haute. Cette concrétude artificielle et technique relève-t-elle d’un geste empiriste ou rationaliste ? Une telle position ouvre en tous cas la réflexion sur le rapport entre les arts, les techniques et les sciences ainsi que sur le statut de productions ultracontemporaines et hautement technicisées telles que les productions littéraires, visuelles et musicales engendrées par l’IA, lorsque l’hyperréalisme est obtenu par la manipulation de nombres à l’échelle du million.

Un dernier sens du concret, enfin, mérite l’attention. Selon une acception vieillie, le concret désigne ce qui est solide par suite de précipitation, sublimation, fixation. En ce sens, toute œuvre d’art est une concrétion. Explorer cette image permet de réfléchir aux processus de production des œuvres. C’est ce que suggèrent Dora et Erwin Panofsky lorsqu’ils décrivent la façon dont l’artiste synthétise et réinvente ses influences pour produire une œuvre singulière« comme le fait le petit morceau de ficelle qui, suspendu dans la solution d’une substance cristallisable, y déclenche le processus de la cristallisation » (La boîte de Pandore, p. 110).

L’école d’été en esthétique et philosophie de l’art offrira aux participants la possibilité de travailler de manière intensive au thème annuel à partir d’une méthodologie plurielle car délibérément internationale et interdisciplinaire, afin de mesurer et déplacer les usages. Chacun s’impliquera de manière active ; cette école d’été récuse une situation d’apprentissage passive, pariant sur de jeunes chercheurs se constituant des réseaux. Chaque participant est invité à présenter son travail de recherche en cours (travail de thèse, article en cours de rédaction, traduction en cours de réalisation) sous l’angle du problème qu’est « Le concret des arts ». Outre une conférence inaugurale des organisatrices, le travail commun sera enrichi de conférences plénières. Une demi-journée sera consacrée à un atelier de traduction. Une séance de cinéma sera aussi l’occasion d’enrichir les discussions tout comme des visites dans des institutions culturelles lausannoises et suisses.

La langue de travail principale est le français. Des exposés peuvent être tenus en anglais à condition que les étudiants aient une très bonne compréhension passive du français.

L’école d’été en esthétique et philosophie de l’art se fixe comme but d’offrir aux étudiants les possibilités suivantes :

  • travailler de manière intensive au thème de l’école
  • bénéficier d’une méthodologie plurielle portée par les habitudes d’enseignement et de recherche différentes selon les enseignant·es-chercheur·euses qui interviendront
  • travailler de manière interdisciplinaire en développant des outils pour rendre cette démarche féconde, la pratique de l’interdisciplinarité devant en effet être apprise
  • commencer à constituer eux-mêmes leur propre réseau, entre étudiants de la même génération.
  • s’ouvrir à la recherche au niveau international
  • briser la situation passive d’acquisition du savoir pour apprendre par la recherche

Un programme provisoire sera publié sous peu.

Le suivi des sessions est réservé aux étudiant·es retenu·es pour l'école d'été. Pour toute demande autre, veuillez contacter au préalable les organisatrices.

CHF 50.-

Le prix comprend :

  • Les frais d’enseignement
  • Les repas de midi
  • Les pauses-café
  • Un apéro d’accueil
  • Activités culturelles

L’hébergement peut être pris en charge, sous réserve de places disponibles. Veuillez nous indiquer si vous avez besoin d’un hébergement lors du dépôt de votre candidature, dans la section « Remarques ».

Les étudiants intéressés sont priés d’envoyer en un seul document pdf :

  • un curriculum vitae incluant le cas échéant la liste des publications. Indiquer le titre de la thèse et le nom du directeur de thèse.
  • une lettre de motivation (une page) expliquant la manière dont la participation à l’école d’été s’insère dans le parcours de recherche
  • Un résumé de l’exposé qui sera proposé pendant l’école d’été et qui portera sur les travaux en cours. Une attention particulière sera portée à l’articulation au thème annuel. Les candidats sont aussi invités à souligner les aspects méthodologiques qu’ils souhaiteraient discuter. Ils peuvent présenter leur thèse ou une partie de thèse, un article en cours de rédaction voire une traduction en cours d’un texte traitant de manière explicite de la fin de l’art.

Le délai de candidature est fixé au 17 mars 2025.

Cette école d’été est organisée par la Section de philosophie de l'UNIL, avec le soutien du Service des Relations internationales, ainsi que l’IHRIM UMR 5317  et l'ENS de Lyon.