Titulaire d’un doctorat en lettres, Claire-Marie Schertz travaille depuis deux ans en qualité de coordinatrice académique et cheffe de projet au Centre universitaire de médecine générale et santé publique, Unisanté.
Si son poste actuel peut sembler bien éloigné de son expertise de docteure en littérature médiévale, il s'inscrit néanmoins dans la continuité de son intérêt pour les contacts interdisciplinaires et lui permet de déployer ses compétences organisationnelles et sa créativité au service de la communauté académique régionale.
"J’ai eu conscience dès le début du caractère imprévisible de la carrière académique. Une collègue, qui avait été une de mes enseignantes, m’avait prévenue : ‘Ça va être dur et ça ne mène pas forcément à la carrière académique’".
C’est la passion qui guide Claire-Marie dans ses choix d’études. Elle effectue d’abord un Bachelor interdisciplinaire, un pied en lettres, pour leur caractère enrichissant et épanouissant, sans tellement réfléchir aux débouchés professionnels qu’une telle voie peut offrir, et l’autre en HEC où elle étudie l’économie parce qu’elle envisage un temps de faire des relations internationales. « J’ai toujours été interdisciplinaire » ditelle, « je suis une lettreuse qui aime les maths ». Mais elle abandonne rapidement l’idée des relations internationales et choisit l’option du français médiéval durant son master, « une copine m’avait dit que c’était génial ! ». Elle se frotte même à la recherche dans cette discipline. « Un bonus pour le plaisir » dit-elle, et une expérience à l’issue de laquelle on lui propose de poursuivre dans cette voie avec un doctorat. C’est en toute connaissance de cause que Claire-Marie accepte cette offre : "J’ai eu conscience dès le début du caractère imprévisible de la carrière académique. Une collègue, qui avait été une de mes enseignantes, m’avait prévenue : ‘Ça va être dur et ça ne mène pas forcément à la carrière académique’". Dans le cadre d’un projet financé par le FNS, Claire-Marie étudie l’œuvre de Philippe de Mézières à la fin du XIVe siècle, mais pas seulement. L’UNIL compense l’écart salarial entre doctorant·es FNS et assistant·es en offrant aux premier·ères un pourcentage de travail pour effectuer d’autres activités académiques. A ce titre, Claire-Marie coordonne le Centre d’études médiévales et postmédiévales et s’implique dans l’organisation d’événements, la communication, l’édition, l’enseignement, des activités qui lui permettent d’ajouter autant de cordes à son arc en plus de son travail de chercheuse.
Puis vient la fin de thèse, avec son lot de stress et de défis à surmonter. « Déjà, il faut la finir la thèse. C’est l’objectif principal et c’est chaud !». C’est que Claire-Marie arrive en fin de contrat, et qu’après une période mouvementée pendant laquelle elle obtient une (petite) bourse de fin de thèse, occupe un emploi temporaire et met au monde son premier enfant, elle achève la rédaction de sa thèse au Portugal où son partenaire a obtenu un emploi à la suite d’une réorientation professionnelle. A leur retour en Suisse fin 2019, Claire-Marie soutient sa thèse. Le printemps suivant, l’épidémie de Covid éclate. Un deuxième enfant vient agrandir la famille. C’est « chaud » également parce que l’étape professionnelle qui suit la thèse est difficile à appréhender, d’autant qu’il est devenu clair pour elle qu’elle ne souhaite pas poursuivre sur la voie académique : "On a la trouille parce qu’on se dit, étudier Philippe de Mézières à la fin du XIVe siècle, sur le marché du travail, ça mène à quoi?" Le soutien dont elle bénéficie, de la part d’un conseiller chômage encourageant et dans le cadre d’ateliers et de séances individuelles de coaching dispensés à l’UNIL, lui redonne confiance en elle et lui permet de prendre conscience de ses compétences : « On est capable, mais on ne sait pas qu’on l’est! J’avais des compétences dont je n’avais pas conscience et qui n’étaient pas forcément considérées dans mon environnement disciplinaire, où c’était avant tout la carrière académique qui était valorisée. Je n’avais pas conscience de l’importance de mettre des mots sur ces compétences, et quels mots, pour les faire valoir sur le marché du travail ». Claire-Marie suit de près les offres d’emploi. Les postes correspondant à son profil de docteure en lettres sont rares, d’autant que la situation de l’emploi est tendue en raison du Covid. Le processus de recherche d’emploi met sa patience à rude épreuve. Pour relativiser sa déception face aux réponses négatives, Claire-Marie se remémore les chiffres concernant l’insertion des docteur·es sur le marché du travail : « J’avais entendu des statistiques qui étaient tout à fait en [leur] faveur. D’avoir ces chiffres en tête m’a permis de garder espoir dans les petits creux de vagues, un entretien où l’on n’a pas obtenu le poste par exemple. On se dit, ce sera le suivant ». Et un jour, peu après la naissance de son deuxième enfant, elle tombe sur l’annonce du poste qu’elle occupe aujourd’hui : Mes compétences essentielles au travail En tant que cheffe de projet, je dois faire preuve d’un grand sens de l’organisation, savoir établir des priorités, et disposer d’excellentes compétences en rédaction et en expression orale. Il s’agit donc de compétences très opérationnelles que j’ai développé dans le cadre de mes différentes activités. L’entregent est une autre compétence essentielle à ma fonction qui requiert de travailler avec des personnes de tous les départements et de niveaux hiérarchiques différents. Mon coordinatrice médiévales du et expérience Centre de d’études postmédiévales m’a notamment permis de connaître les chercheur·es médiévistes de toutes les sections et de faire l’expérience des collaborations interdisciplinaires. Cela me sert aujourd’hui dans mon poste aux dimensions très transversales. Cette expérience et les nombreuses interventions orales que j’ai donné pendant ma thèse m’ont permis de développer la confiance en moi nécessaire quand je m’adresse à des cadres académiques. D’autres aspects de mon travail sont plus directement liés à des compétences de recherche, tels que l’esprit de synthèse et d’analyse. Ma fonction implique aussi de de proposer et de créer des nouvelles actions, pour lesquelles il faut faire preuve de créativité et d’imagination. L’ensemble de ces aptitudes constitue un éventail diversifié de compétences que j’apporte à mon poste actuel et qui s’inscrit dans la continuité de l’expérience que j’ai acquise dans le cadre de mes recherches doctorales, mais aussi de ma fonction de coordinatrice du Centre d’études médiévales et postmédiévales et des activités de bénévolat que j’ai menées en parallèle.« Un vrai coup de cœur ! Au niveau des tâches notamment, en raison de ses liens avec le milieu académique lausannois et pour l’aspect ‘challenge’. Le profil recherché n’était pas tout à fait le mien, mais requérait de nombreuses compétences que j’avais : j’avais fait de la recherche, de l’enseignement, travaillé à l’administration de l’université, et je les ai bien mis en avant ». A l’issue d’une procédure de recrutement retardée en raison du Covid, Claire-Marie décroche enfin le poste auquel elle aspirait et peut commencer sa nouvelle activité en mars 2021.
Bien que la fin de la thèse et la période de transition qui s’en est suivi aient été éprouvantes, Claire-Marie ne changerait rien à son parcours : « J’ai fait des choix dont je suis contente, et je les ai toujours faits par passion et intérêt. Je réalise aussi que c’est une grande chance. Il y a une part qu’on ne maîtrise pas dans nos trajectoires. D’avoir fait quelque chose d’enrichissant et d’avoir aujourd’hui un poste où je peux m’épanouir, c’est vraiment une chance immense ». Elle ajoute que le fait de pouvoir faire valoir des compétences variées et d’avoir acquis une expérience professionnelle dans des domaines autres que celui de la recherche ont été des atouts dans la transition vers un emploi qui l'intéressait. Elle encourage d’ailleurs les chercheur·es en début de carrière à tirer parti de toutes les options à leur disposition : « Cela me semble important de penser à se diversifier et aussi de profiter des différents ateliers et formations qui existent. Et de toujours penser à développer ses compétences au maximum car la carrière académique est très précaire et peut déboucher sur des énormes frustrations. Quand les personnes ont fait de gros sacrifices et que ça ne marche pas, sans s’imaginer jamais ailleurs, cela peut mener à de grosses déceptions. Je l’ai vu autour de moi.»
A son poste depuis deux ans, Claire-Marie ambitionne aujourd'hui de se perfectionner en gestion de projet et d’obtenir une certification dans ce domaine. Unisanté est une institution nouvellement créée et Claire-Marie considère qu’elle peut encore y accomplir de beaux projets et contribuer au travail de fond qui y est mené. « Je pense rester ici encore un moment ! », dit-elle dans un large sourire.
En tant que cheffe de projet, je dois faire preuve d’un grand sens de l’organisation, savoir établir des priorités, et disposer d’excellentes compétences en rédaction et en expression orale. Il s’agit donc de compétences très opérationnelles que j’ai développé dans le cadre de mes différentes activités. L’entregent est une autre compétence essentielle à ma fonction qui requiert de travailler avec des personnes de tous les départements et de niveaux hiérarchiques différents. Mon coordinatrice médiévales du et expérience Centre de d’études postmédiévales m’a notamment permis de connaître les chercheur·es médiévistes de toutes les sections et de faire l’expérience des collaborations interdisciplinaires. Cela me sert aujourd’hui dans mon poste aux dimensions très transversales. Cette expérience et les nombreuses interventions orales que j’ai donné pendant ma thèse m’ont permis de développer la confiance en moi nécessaire quand je m’adresse à des cadres académiques. D’autres aspects de mon travail sont plus directement liés à des compétences de recherche, tels que l’esprit de synthèse et d’analyse. Ma fonction implique aussi de de proposer et de créer des nouvelles actions, pour lesquelles il faut faire preuve de créativité et d’imagination. L’ensemble de ces aptitudes constitue un éventail diversifié de compétences que j’apporte à mon poste actuel et qui s’inscrit dans la continuité de l’expérience que j’ai acquise dans le cadre de mes recherches doctorales, mais aussi de ma fonction de coordinatrice du Centre d’études médiévales et postmédiévales et des activités de bénévolat que j’ai menées en parallèle.