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Décision (2019)


 

La prise de décision

Nous prenons tous les jours de décisions, mais quels sont les facteurs qui influencent nos choix ? Ceux-ci sont-ils vraiment faits en toute liberté ?

Lors de ce cycle de conférences, nous verrons, en croisant les regards de spécialistes de différentes disciplines, comment se prennent les grandes (ou petites) décisions à titre individuel mais également au sein des organisations. Comment le processus de décision est-il formalisé, représenté, communiqué ? Est-il possible de le modéliser mathématiquement? L’intelligence artificielle est-elle susceptible de remplacer une décision humaine ou d’y contribuer?

Ce cycle de conférences propose de croiser les regards de spécialistes de disciplines comme le droit, la médecine, les lettres, la physique ou les sciences sociales sur cette question.

Un cycle de conférences publiques organisé dans le cadre de l'enseignement "La recherche dans tous ses états"

  • Les mercredis du 16 octobre au 20 novembre 2019 de 17h15 à 18h45
  • Bâtiment Amphimax salle 414

Organisation: Delphine Preissmann (FBM, Sciences au Carré, delphine.preissmann@unil.ch)

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Programme

Date Intervenant Titre

16 octobre

Koorosh Massoudi et Jonas Masdonati, Centre de recherche en Psychologie du Conseil et de l’Orientation, Institut de Psychologie, SSP

C’est décidé: demain je décide! Indécision et prise de décision en contexte professionnel.

23 octobre 

Pierre-Yves Brandt, Institut de sciences sociales des religions, Observatoire des religions en Suisse, FTSR

Se convertir ou être converti : à qui l’initiative ? 

30 octobre 

David Bouvier, Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité, Faculté des Lettres

La déesse Tukhê peut-elle décider pour moi ? Hasard et décision en Grèce ancienne.  

6 novembre 

Benjamin Boutrel, Unité de recherche sur la neurobiologie des troubles addictifs et alimentaires, Centre de Neurosciences Psychiatriques, FBM

Neurobiologie de la prise de décision

13 novembre

Ioannis Papadopoulos, Laboratoire d'analyse de la gouvernance et de l'action publique en Europe, SSP

Qui décide dans nos démocraties ?

20 novembre 

Alexandre Alahi, Laboratoire d’intelligence visuelle pour les transports, EPFL

Le rôle de l’Intelligence Artificielle dans la prise de décision

Résumé et vidéos des conférences

Koorosh Massoudi et Jonas Masdonati, Centre de recherche en Psychologie du Conseil et de l’Orientation, Institut de Psychologie, SSP

C’est décidé: demain je décide! Indécision et prise de décision en contexte professionnel.

Comment font les gens pour décider de leur parcours professionnel ? D’ailleurs, en décident-ils réellement ? Dès ses balbutiements au début du XXème siècle, la psychologie du conseil et de l’orientation s’est focalisée sur le premier choix professionnel qui, pour autant qu’il soit « rationnel », mènerait vers une carrière harmonieuse et linéaire. Il fallait donc « bien décider » et effectuer un choix optimal, basé sur l’appariement de ses capacités et aspirations propres avec les opportunités et exigences du marché du travail, afin d’assurer son avenir professionnel dans un contexte socio-économique relativement stable.

Or depuis au moins deux décennies, on observe une complexification des décisions relevant de la sphère professionnelle : le contexte dans lequel se projettent les individus devient plus mouvant et instable, et par conséquent les choix qui s’y opèrent deviennent éphémères, les parcours imprévisibles et les transitions multiples. Et qui dit plus de transitions, dit plus de décisions à prendre, de gré ou de force …

Pierre-Yves Brandt, Institut de sciences sociales des religions, Observatoire des religions en Suisse, FTSR

Se convertir ou être converti : à qui l’initiative ?

La conversion religieuse est une forme de transformation identitaire négociée par le converti avec son environnement social. Elle suppose une compréhension exclusive de l’appartenance religieuse : on se convertit parce qu’une double identité religieuse n’est pas permise par l’environnement ou pas supportable pour le converti. Ainsi l’initiative peut être du côté de l’environnement qui fait pression sur le converti ou du côté du converti qui entame un processus de renégociation de son identité personnelle. Dans le premier cas, la prise de décision est réactive : l’individu décide de répondre positivement à la pression de son environnement. Dans le second cas, la prise de décision est proactive : elle met en route un processus transactionnel. Dans tous les cas, la prise de décision est motivée par le désir de réduire l’écart entre l’identité que le sujet s’attribue de son propre point de vue (son identité subjective) et l’identité qui lui est attribuée par l’environnement social (son identité objective). De cet écart résulte un malaise, voire un mal-être, que la prise de décision vient résorber, du moins en apparence, par un récit commun au converti et à son environnement pour rendre compte de la transformation identitaire qui est la sienne. 

David Bouvier, Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité, Faculté des Lettres

La déesse Tukhê peut-elle décider pour moi ? Hasard et décision en Grèce ancienne. 

Dans les prises de décision, aussi bien au niveau institutionnel qu’au niveau individuel, les Grecs anciens laissaient volontiers une part au hasard. De l’urne, lors de différents types de vote dans l’Athènes classique, on ne retirait que certains «bulletins» tirés au sort. L’acte de la décision relève, certes, de l’instance décisionnelle (institution ou personne) tout en lui échappant. On ne décide rien qui ne soit sur-décidé par une autre instance. Pour un Grec, toute décision est relative ou incertaine. D’ailleurs, les Grecs n’aimaient pas dire qu’ils «décidaient». 

Prenons une fois encore l’exemple d’Œdipe, héros tragique emblématique de la psychanalyse, paradigme incontournable pour penser l’homme face à sa condition et à son destin. Relisons, durant la conférence proposée, l’Œdipe Roi. Comme l’avait vu Foucault, Œdipe est, dans la tragédie, homme de pouvoir, trop sûr de tout contrôler. Mais bientôt, il découvre sa filiation : lui qui a tué son père, couché avec sa mère, n’est rien que le fils de Tukhê («du Hasard»). 

Benjamin Boutrel, Unité de recherche sur la neurobiologie des troubles addictifs et alimentaires, Centre de Neurosciences Psychiatriques, FBM

Neurobiologie de la prise de décision

La prise de décision est un processus cognitif visant à sélectionner un type d’action parmi différentes alternatives en estimant les conséquences possibles à plus ou moins long terme. Ce processus de choix, plutôt rationnel, s’oppose aux réactions émotionnelles, considérées comme plus instinctives et immédiates. Cette capacité à utiliser les expériences passées, tout en intégrant les informations présentes intero et extéroceptives, pour prédire le futur probable est un outil remarquable, fruit de la coordination subtile de différents circuits cérébraux. Cette compétence s’acquière au cours du développement, notamment à l’adolescence, mais elle peut être durablement impactée par le stress. Cette conférence s’intéressera aux fondements neurobiologiques du processus de prise décision, et se propose de discuter dans quelles mesures l’individu est pleinement conscient, si ce n’est responsable, de ses choix … et de ses actes.

Ioannis Papadopoulos, Laboratoire d'analyse de la gouvernance et de l'action publique en Europe, SSP

Qui décide dans nos démocraties ?

Nous sommes habitués à penser qu’en démocratie nous élisons les autorités qui nous gouvernent (en Suisse on peut en outre contester formellement leurs décisions et leur en imposer d’autres). Les élections permettent d’autoriser nos élus à prendre des décisions qu’ils peuvent ensuite nous imposer. C’est ce mécanisme qui rend l’exercice du pouvoir légitime, car les gouvernants apparaissent comme les représentants des gouvernés, et ces derniers peuvent les sanctionner s’ils sont mécontents.  En réalité, cette image ne correspond qu’en partie à la réalité du pouvoir dans les démocraties établies. Une série d’acteurs non élus par les citoyens (membres de l’administration, groupes d’intérêt, experts, même des acteurs privés et au-delà des frontières nationales) peuvent acquérir une influence déterminante dans les processus de prise de décisions collectives. Le présent exposé présentera les raisons de ce phénomène, des exemples illustrant ses principales dimensions, et cherchera à en évaluer les effets sur le fonctionnement des systèmes démocratiques.

Alexandre Alahi, Laboratoire d’intelligence visuelle pour les transports, EPFL