Née le 28 mai 1950 à Ambilly en France voisine, Christiane Moro obtient, en 1981, une Licence puis en 1986 un Diplôme en psychologie génétique et expérimentale à l’Université de Genève où elle étudie notamment avec la Prof. Barbel Inhelder. En 1999, elle obtient, sous la co-direction des Professeurs Michel Brossard et Bernard Schneuwly, un Doctorat ès psychologie de l’Université de Bordeaux et un Doctorat ès sciences de l’éducation de l’Université de Genève. Le Professeur Jérôme S. Bruner fait alors partie du jury de sa thèse intitulée « L'usage de l'objet comme experimentum crucis pour l'analyse de la construction des significations durant la période préverbale : Etude longitudinale chez le bébé entre 7 et 13 mois ».
Après avoir reçu son Habilitation à diriger des recherches (HDR) à l’université de Bordeaux en 2000, elle est nommée Professeure des Universités au Département des sciences de l’éducation à l’Université de Nancy en 2001. C’est en septembre 2005 qu’elle rejoint l’Institut de psychologie de l’Université de Lausanne en tant que professeure ordinaire en psychologie du développement.
Extrêmement impliquée et active au niveau institutionnel, la Professeure Christiane Moro a notamment dirigé l’Institut de psychologie de septembre 2006 à septembre 2009 et le Comité scientifique du Master of Advanced Studies (MAS) en psychologie de l’enfant et de l’adolescent pendant 5 ans (2007–2012). Elle a également présidé le comité d’organisation du 13ème congrès de l’European Association of Developmental Psychology (EADP) qui a réuni sur le campus de l’UNIL plus d’un millier de spécialistes et chercheurs en psychologie du développement du monde entier du 3 au 9 septembre 2013.
Les recherches, les enseignements et les publications de Christiane Moro portent essentiellement sur l'étude de l'apprentissage et du développement en particulier chez le bébé, mais aussi chez l’enfant d’âge pré-scolaire ou scolaire, dans une perspective socio-historique et sémiotique. Dans le prolongement et la reformulation des thèses de Vygotski et de Bruner, ses travaux cherchent à appréhender le développement psychologique en le restituant dans ses conditions matérielles, culturelles et sociales de production, et en considérant que la construction de la signification y joue un rôle central. Souhaitant poursuivre l’exégèse des œuvres de Vygotski, elle a été l’une des principales instigatrices de la mise en place d’un réseau européen (Séminaire International Vygostsky) qui s’est réuni pour la première fois à Lausanne en 2006, et qui vise à diffuser et à prolonger la réflexion sur l'actualité, les apports et les limites de l'œuvre du psychologue russe dans la recherche en psychologie, en éducation ou, plus largement, en sciences humaines et sociales. Dans cette perspective, elle a organisé en 2009 un colloque international à l’UNIL intitulé « Psychologie du développement, sémiotique et culture» qui a donné lieu à l’une de ses publications récentes Sémiotique, culture et développement psychologique (2014, Septentrion).
Christiane Moro a publié de nombreux articles dans des ouvrages collectifs ou des revues scientifiques en français, en anglais et en espagnol. On citera encore un autre ouvrage récent témoignant de la richesse de sa réflexion et de son souci d’ouvrir les frontières de la psychologie et de ses sous-disciplines: L’intersubjectivité en questions. Agrégat ou nouveau concept fédérateur pour la psychologie ? (2014, Antipodes) dont elle est l’une des éditrices.
Durant toutes ses années lausannoises, collègue généreuse et passionnée, Christiane Moro a su faire profiter avec enthousiasme ses étudiants, ses doctorants et collaborateurs de ses connaissances et de ses réflexions fécondes et originales sur le rôle de la culture matérielle dans le développement du bébé et de l’enfant.