René Levy
Sociologie générale
René Levy
Sociologie générale
René Levy est né le 26 janvier 1944 à Zürich. Il y obtient en 1975 sa thèse de doctorat intitulée «Der Lebenslauf als Statusbiographie». Dans cette thèse, publiée chez Enke (Stuttgart) en 1977, il fait preuve d’un esprit d’avant-garde en analysant les inégalités de genre dans une perspective de parcours de vie. Il est nommé à l’Université de Lausanne en 1980 comme professeur extraordinaire et rejoint l’Institut d’Anthropologie et de Sociologie à sa création en 1982. En 1996, il y devient professeur associé, puis, en 2001, professeur ordinaire. Il crée en 2001 l’Institut d’étude interdisciplinaire des trajectoires biographiques (ITB) à la Faculté des Sciences Sociales et Politiques, institut dont il assume la direction jusqu’à sa retraite, qu’il choisit d’anticiper de quelques années.
René Levy a centré son activité scientifique sur l’analyse des inégalités et de la stratification sociales, des parcours de vie, et, dans une moindre mesure, des mouvements sociaux, avec une attention particulière à la dimension du genre. Il est l’auteur de plusieurs livres portant sur la première de ces thématiques, notamment « la Structure sociale de la Suisse. Radiographie d'une société », un ouvrage publié en sept langues, dont le Chinois et l’Arabe, et « Tous égaux ? De la stratification aux représentations » ; un ouvrage offrant un panorama très large des inégalités et de leur logique de structuration dans la Suisse actuelle (avec Dominique Joye, Olivier Guye, Vincent Kaufmann, 1997). René Levy a également été très actif dans la sociologie des parcours de vie, un engagement qui se développe tôt dans sa carrière à partir d’un livre cosigné avec Thomas Held, « Die Stellung der Frau in Familie und Gesellschaft. Eine soziologische Analyse am Beispiel der Schweiz“ (Huber, Frauenfeld/Stuttgart 1974), publié en français en 1975. C’est sur cet intérêt qu’il revient dans ses dernières années d’activité, notamment par l’édition, en 2005, d’un ouvrage proposant une approche interdisciplinaire des parcours de vie, dans la prestigieuse collection « Advances in Life Course Research” d’Elsevier. La combinaison de ses intérêts pour les structures sociales et pour le parcours de vie a trouvé un terrain particulièrement fertile dans une recherche de large ampleur portant sur les fonctionnements familiaux en regard de la stratification sociale, faite en collaboration avec Eric Widmer et Jean Kellerhals. Plusieurs ouvrages sont issus de cette recherche, dont « Couples contemporains : Cohésion, régulation et conflits » publié chez Seismo (Zürich, 2003).
René Levy a à son actif de nombreux articles scientifiques, parus dans des revues internationalement reconnues, qui montrent peu ou prou l’ambition de leur auteur de mettre en lumière les mécanismes générateurs d’inégalités sociales par une analyse empirique serrée des trajectoires individuelles, tant familiales que professionnelles, en relation avec leur contexte mesosociologique.
Par ailleurs, sur un autre plan, un fort investissement personnel dans le développement institutionnel des sciences sociales en Suisse caractérise la trajectoire professionnelle de René Levy. Membre du groupe fondateur du Service suisse d’information et d’archivage de données pour les sciences sociales (SIDOS), de son conseil de fondation et président de son conseil scientifique, il a toujours cherché à promouvoir une meilleure exploitation des enquêtes menées en Suisse, en rendant plus accessibles les jeux de données. Cet engagement témoigne d’une belle intuition des évolutions nécessaires à une certaine professionnalisation des sciences sociales. Président du conseil d'administration et co-fondateur des éditions Seismo entre 1988 et 2001, il donne par leur intermédiaire un instrument de premier plan aux sciences sociales pour la diffusion de leurs résultats de recherche en Suisse.
Largement impliqué dans la Société suisse de sociologie, comme membre du comité, comme vice-président, puis comme président (entre 1989 et 1994), il est nommé membre d’honneur de la société par l’Assemblée générale en 2001. Membre du Conseil national de la recherche, à la section "Pôles de recherche nationaux" de la Division IV du Fonds national depuis 2000, il cherche et réussit à y introduire une « sensibilité sociologique ». On pourrait citer encore bien d’autres exemples des multiples responsabilités que René Levy a assumées au niveau national. En un mot, sans lui, les sciences sociales n’auraient sans doute pas la place qui est la leur actuellement en Suisse.
Ce sens des responsabilités institutionnelles s’est également exprimé dans le cadre de l’Université de Lausanne. Il y a occupé la fonction de doyen de la Faculté des Sciences Sociales et Politiques entre 2001 et 2003. Il est également mandaté par le Rectorat pour la mise sur pied du Service de formation continue de l'Université, entre 1992 et 1996. Entre 2001 et 2006, il est chef de projet pour la création du Centre lémanique d'étude des parcours et modes de vie (PAVIE) dans le cadre du pôle IRIS du projet Science-Vie-Société.
Collègue discret sur ses propres mérites, sérieux et efficace dans ses engagements, innovateur dans ses recherches, et généreux dans son rapport aux autres, il laissera derrière lui une trace durable.