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Dietmar Braun nommé professeur honoraire de la Faculté des SSP
La trajectoire intellectuelle de Dietmar Braun témoigne de son tempérament à la fois rigoureux, ouvert, généreux et motivé par une curiosité inlassable. En partant d’une analyse des phénomènes politiques fondée sur les modèles du choix rationnel, à propos desquels il a publié un recueil de textes figurant dans le curriculum de science politique des Universités allemandes (Braun 1999), il a progressivement élargi son regard et incorporé d’autres perspectives d’analyse qui ont enrichi sa démarche, telles que les approches systémiques, institutionnalistes et cognitives, ainsi que celles attentives à la diffusion des politiques publiques.
Ses intérêts de recherche se sont très majoritairement orientés vers l’étude comparée des politiques publiques, en relation avec l’analyse du pilotage et de la gouvernance des systèmes politiques. Dans ce cadre, Dietmar Braun a contribué de manière déterminante à façonner deux champs de recherche : la gouvernance des sciences et des universités d’une part, l’étude du fédéralisme dans une perspective comparée d’autre part. Le premier axe a donné lieu à de multitude d’articles et ouvrages très cités au niveau international et a permis d’introduire, de développer et d’étendre l’une des idées les plus influentes dans l’étude de la gouvernance et du financement de la recherche scientifique, à savoir la théorie du « principal-agent » (Braun 1997 ; Braun et Guston 2003). Le second axe a permis à Dietmar Braun d’apporter une contribution significative à la compréhension des mécanismes de coordination et de compétition dans les politiques publiques des systèmes fédéraux comme la Suisse, l’Allemagne, l’Australie et le Canada, notamment dans les politiques fiscales (Braun 2007), et de saisir les processus décisionnels à l’œuvre dans ces différents pays en fonction de leurs caractéristiques propres (Braun et al. 2002 ; Braun 2003).
À ces deux principaux champs de recherche, il faut ajouter d’autres contributions majeures, mais plus ponctuelles, dans d’autres domaines ou thématiques de la science politique, notamment les politiques de la santé (Braun et Uhlmann 2009), les politiques de délégation et de régulation (Braun et Gilardi 2006), le rôle des idées dans les politiques publiques (Braun et Busch 1999) ou encore la théorie et la méthodologie en politique comparée (Braun et Maggetti 2015).
Ses enseignements, toujours passionnants, ont également contribué à former plusieurs générations d’étudiants aux principes et à la pratique de la recherche en science politique. On rappellera notamment le cours « Concepts de Base en Science Politique », qui constituait une introduction systématique, érudite et remarquablement pluraliste à cette discipline, ainsi que le cours « Politique Comparée », qui délivrait une connaissance fine du fonctionnement des systèmes politiques dans le monde, avec des études de cas aussi variés que la France, les Etats-Unis, la Russie ou encore l’Iran.
Tout au long de sa carrière, l’engagement institutionnel de Dietmar Braun, comme vice-doyen, puis directeur de l’Institut d’études politiques et internationales (IEPI) et plus récemment président de la commission de l’enseignement, fut énormément apprécié pour son style efficace aussi bien que collégial et consensuel. Un engagement institutionnel qui s’est aussi manifesté hors de l’Université de Lausanne, puisque Dietmar Braun fut éditeur de la Revue Suisse de Science Politique (2001-2005), membre du Conseil de la Recherche du Fonds National Suisse (2004-2012), ainsi qu’un expert externe fréquemment sollicité pour des mandats d’évaluation de centres de recherche internationaux.
Dietmar Braun, en tant que chercheur cosmopolite et polyglotte, a constamment prôné et promu une pratique de la recherche fondée sur l’ouverture, la qualité et les échanges scientifiques au niveau international, ce qui a permis à ses collaborateurs les plus proches, ses assistants, ses doctorants et ses étudiants en mémoire de fin d’études, d’apprendre, d’évoluer et de se professionnaliser dans les meilleures conditions, en se confrontant aux standards scientifiques les plus élevés tout en profitant d’un environnement marqué par la liberté intellectuelle et la disponibilité de leur professeur.
Professeur Martino Maggetti