L’effet solo fait référence au fait d’être l’unique membre d’une catégorie sociale dans un groupe, par exemple une femme parmi un groupe d’hommes. La personne du groupe minoritaire est désavantagée, car elle devient particulièrement visible : son travail est jugé de façon plus critique, les différences avec le groupe majoritaire sont accentuées et elle se voit cantonnée à des rôles d’autant plus stéréotypés. Une telle situation peut affecter le bien-être de la personne du groupe social minoritaire, et elle devient un alibi – on parle alors de « tokenism ».
Plus grave encore, cette situation peut affecter les performances de la personne. Par exemple, une recherche aux Etats-Unis montre que les femmes ont de moins bonnes performances pour une même tâche lorsqu’elles la réalisent dans une situation « solo » qu’en compagnie d’autres femmes (Sekaquaptewa & Thompson, 2003). Ce mécanisme vaut pour des tâches où leur performance pourrait confirmer un stéréotype négatif qui les concerne, par exemple, les moindres compétences des femmes en mathématiques, ou lorsque le public est uniquement masculin. Ceci est le résultat d’un mécanisme appelé « stereotype threat ». En étant l’unique représentante d’une catégorie sociale, une personne est davantage vulnérable aux stéréotypes qui lui sont attribués et ses performances en sont affectées. Une autre étude montre cependant que des messages qui contredisent les stéréotypes négatifs associés aux femmes permettent de réduire cet effet sur les performances (Davies, Spencer, & Steele, 2005).
Dans le contexte du recrutement professoral, l’effet solo implique qu’une candidature féminine unique dans un pool de candidatures masculines risque d’être définie par ce trait-là uniquement et d’être évaluée en fonction de stéréotypes de genre. À l’inverse, les candidatures masculines seront appréciées pour les traits et qualités qui les distinguent. De plus, les performances des candidates, par exemple lors d’un entretien avec la commission de présentation, peuvent être affectées lorsque cette dernière n’est composée que d’hommes.
L’effet halo fait intervenir un autre type de biais cognitif : sur la base d’une impression générale positive d’une personne ou de ses compétences dans un certain domaine, on a tendance à lui attribuer de manière infondée des compétences concernant d’autres domaines.
Dans le contexte du recrutement professoral, ce mécanisme a pour conséquence d’avantager certaines candidatures qui nous font bonne impression, qui ont une bonne réputation ou qui excellent particulièrement dans l’un des critères d’évaluation. Etant donné que les femmes sont exposées aux biais de genre, qu’elles sont jugées selon des doubles standards et qu’elles ont un réseau de soutien généralement plus restreint que les hommes, leur candidature risque d’être désavantagée. Prendre conscience de ce mécanisme est important : un candidat qui a été recommandé pour son excellent réseau risquera d’être évalué de manière plus favorable également pour d’autres critères d’évaluation (par exemple, la production scientifique ou l’enseignement). Il est donc crucial de considérer chaque critère de sélection de manière indépendante et d’évaluer les qualités de chaque candidature avec les nuances qui les caractérisent.